Nederlands | Français Belgium

Une entreprise sur trois ne parviendra pas à convertir sa flotte en véhicules électriques d’ici 2026

 

Enquête AON et FLEET : 

  • Près de sept entreprises sur dix rencontrent des difficultés d’infrastructure
  • Trois entreprises sur dix ne savent pas qui est responsable en cas de dégâts causés à la borne ou en cas d’incendie de celle-ci
  • Près de neuf travailleurs sur dix n’ont reçu aucune formation pour recharger correctement leur véhicule
  • À peine une entreprise sur trois tente de décourager ses travailleurs de recharger leur véhicule aux bornes coûteuses de recharge rapide

D’ici 2026, seules les voitures d’entreprise entièrement électriques pourront bénéficier des avantages fiscaux à 100 %. Or près d’un tiers des entreprises déclarent aujourd’hui que toutes les adaptations nécessaires ne seront pas terminées à temps. Près de sept entreprises sur dix rencontrent des difficultés d’infrastructure ainsi qu’au niveau des risques supplémentaires de sécurité incendie suscités par l’électrification de leur flotte de véhicules de société. Trois entreprises sur dix ne savent même pas qui supporterait les coûts en cas d’incendie d’une borne de recharge installée par l’employeur au domicile du travailleur. Plus étonnant encore : près de neuf travailleurs sur dix n’ont reçu aucune information sur la manière de recharger correctement et en toute sécurité leur voiture de société électrique. C’est ce qu’il ressort d’un sondage réalisé en ligne conjointement par AON, leader du marché de la gestion des risques Fleet et des assurances pour les voitures de société, et FLEET, le magazine des gestionnaires de flotte automobile, auprès de 200 répondants du secteur.

Dans la plupart des entreprises et des sociétés, la transition vers la flotte électrique est en cours. Mais ce basculement de l’énergie fossile vers l’énergie (partiellement) électrique suscite de nombreuses questions dans les entreprises. Il ne s’agit pas uniquement de fournir un véhicule électrique à ses employés. De nombreuses questions d’ordre pratique surgissent également. Faut-il installer des bornes de recharge ? Combien ? Nos collaborateurs doivent-ils aussi pouvoir recharger leur véhicule chez eux ? Comment sont-ils indemnisés ? Et qu’en est-il de la couverture des dégâts causés par une borne de recharge ? Autant d’incertitudes qui font que la transition vers la flotte électrique accumule du retard.

2026, un objectif trop prématuré pour un tiers des entreprises
Il ressort du sondage réalisé en ligne par AON et FLEET entre le 24/03 et le 29/04 auprès de 200 répondants que de nombreux gestionnaires de flotte se posent encore beaucoup de questions. Lorsqu’il leur est demandé si leur flotte sera entièrement électrifiée d’ici 2026, un bon tiers (35,7 %) répond que non. La plupart des obstacles cités sont l’infrastructure des bornes (tant au travail qu’au domicile de l’employé), les longs délais de livraison des véhicules électriques, la crainte de leurs travailleurs de ne pas avoir suffisamment d’autonomie ou la nécessité de refondre entièrement la politique en matière de voitures de société.

« Nous constatons encore beaucoup d’incertitudes et d’interrogations concernant l’infrastructure (système d’extinction, plan de sécurité incendie ou assurance spéciale) du parc de voitures électriques. Sept répondants sur dix (68,9 %) indiquent qu’aucun des éléments précités n’est en ordre. Quelque 21,9 % disposent d’un plan de sécurité incendie, et seule une minorité déclare avoir souscrit une assurance spéciale pour le système de bornes de recharge. Pourtant, les entreprises ont tout intérêt d’un point de vue fiscal à régler le problème des bornes encore cette année : l’investissement est effectivement déductible actuellement à 200 % », explique Al Pijnacker, Managing Director Fleet chez AON.

La nouvelle réglementation (portant modification de l’AR du 7 juillet 1994 fixant les normes de base en matière de prévention contre l’incendie et l’explosion auxquelles les bâtiments doivent satisfaire) entre en vigueur le 1er juillet 2022. L’une des nouveautés concerne l’obligation, uniquement pour les nouveaux bâtiments, de prévoir à chaque étage dans les parkings d’une superficie de plus de 250 m² un des systèmes suivants de protection contre l’incendie : un système d’évacuation des fumées et de chaleur et/ou une installation de sprinklage ou une trappe de ventilation.

Depuis le 1er décembre 2021, un consensus a été trouvé en ce sens où toutes les zones de secours en Flandre ont décidé de suivre le Code de Bonne Pratique professionnelle (CBP) Incendie (daté du 16/09/2021) publié par Fireforum, dans tous les avis portant sur des véhicules électriques dans les parkings. La réglementation fédérale et/ou régionale en la matière se fait toujours attendre.

Manque de connaissances
Rien n’est par ailleurs moins sûr en ce qui concerne la responsabilité des dégâts causés par une borne de recharge. Quelque 33,7 % des répondants ont déclaré qu’ils ne savaient pas qui était responsable en cas de dégâts causés à une borne de recharge ou d’incendie de celle-ci.

« Selon les chiffres, près de neuf employés sur dix (85,2 %) conduisant une voiture électrique n’ont pas reçu d’informations sur la manière de recharger correctement leur véhicule ni sur les risques liés à la recharge via une prise électrique. Cela nous effraye un peu. AON conseille aux gestionnaires de flotte de voitures de société de faire de la prévention et de revoir chaque année la politique en matière de véhicule de société, vu que c’est une matière qui évolue régulièrement. Notre objectif est de faire baisser le coût total du risque. Grâce à nos solutions MaaS (Mobility as a Service), nous y parvenons déjà mieux », souligne Al Pijnacker, Managing Director Fleet chez AON.

Des bornes de recharge onéreuses
Il ressort également du sondage que les gestionnaires de flotte doivent aussi faire des efforts pour garder sous contrôle le total des coûts liés aux véhicules électriques. La facture des véhicules rechargés uniquement à des bornes de recharge rapide est souvent plus élevée que la facture de diesel ou d’essence, et seuls 31,6 % des répondants essaient de limiter ces frais d’une manière ou d’une autre, bien qu’il s’agisse d’un risque de frais supplémentaires.

En pleine transition
Le secteur est en pleine transition vu que la fiscalité est plutôt favorable aux parcs automobiles électriques. Mais de nombreux nouveaux facteurs interviennent dans cette transition sans que tout le monde en ait conscience. Les gestionnaires de flotte qui optent pour un parc automobile électrique feraient par conséquent mieux de s’informer auprès de partenaires fiables (sociétés de leasing, fabricants de bornes de recharge, fiscalistes, etc.) pour ne pas avoir de mauvaises surprises.

« Cette décision peut être lourde de conséquences budgétaires à défaut d’être bien préparés. Il se pourrait par exemple que vous fassiez installer une borne de recharge chez un employé qui décide quelques mois plus tard de quitter l’entreprise sans avoir conclu de convention claire sur papier concernant cette borne ou sans respecter les prescriptions en matière de sécurité incendie qui bientôt entreront en vigueur. Même la fiscalité en la matière suscite encore parfois bien des questions puisqu’un cinquième des répondants pense que les véhicules électriques seront toujours déductibles fiscalement à 100 %, ce qui n’est pas le cas. Après 2026, le leasing d’une voiture électrique ne sera plus déductible qu’à concurrence de 67,5 % en 2031, selon la date de commande du véhicule », observe Mika Tuyaerts, journaliste chez FLEET.

Enfin, il est absolument nécessaire que les petites et moyennes entreprises sautent dans le train, car elles pèsent lourd dans l’économie de notre pays et constituent un maillon crucial dans la transition vers une mobilité plus durable. La problématique de la mobilité demeure pour beaucoup d’entreprises un exercice complexe. Mais avec une bonne analyse, un bon accompagnement, un bon financement et une bonne assurance, les entreprises peuvent rédiger la police adéquate pour un parc automobile zéro émission.